2011

Optimiser son visa.


Dans l'avion pour Paris. Une semaine auparavant, cela ne faisait pas partie des projets ! Le spectacle est dans le ciel, la lune resplendit.



Nous pensions être tranquilles pour un an avec notre visa australien multiples entrées. En effet, à chaque entrée, le douanier nous accorde un séjour de six mois. Ensuite il faut sortir, même 24h et nous obtenons à nouveau six mois. Ce qui nous avait échappé était la date limite. Tout se joue pour nous le 11 février 2012. Pour optimiser notre visa en cours, il nous faut impérativement sortir et revenir en Australie avant cette échéance. Jacques choisit la formule courte, il reste en Australie jusqu'à la veille de l'échéance et fera un saut à Auckland. Je choisis la formule longue et reviens deux mois en France. Nous nous retrouverons à Melbourne le 10 février et reprendrons le voyage ensemble, vers la Tasmanie. Jacques profite donc deux mois en solo dans le sud du WA (Western Australia). Il traversera le Nullarbor en direction d'Adélaïde puis rejoindra Melbourne. Pour moi ce sont deux mois, solo, en France. Voyage de retour par Singapour.

Singapour, gigantesque aéroport. Moquette striée un peu comme du sable doré foulé par des milliers de passagers indifférents. Paris et ses réverbères familiers...

Paris, petit matin froid, je me dirige vers la gare TGV. En haut des escaliers, une montagne de bagages attire mon attention. Le chariot est tellement chargé qu'il ne peut plus bouger. Montagne échouée, masquant une silhouette courbée dont on ne peut pas distinguer le visage, voici un des habitants de Roissy. Je savais que des personnes vivaient dans l'aéroport, parfois depuis plusieurs années. En voici une, en guise de premier contact dans mon pays.


Lyon, la Fête des Lumières commence. La place Bellecour accueille la grande roue avec un bouquet de gros ballons colorés. Il fait froid.



Demain ce sera une autre fête, à Genève, la Fête de l'Escalade. Réunion familiale annuelle, auto organisée : cousines et cousins conjuguent leurs talents de la haute cuisine à la décoration des tables, des chants patriotiques à la destruction de la fameuse marmite en chocolat, moment de la soirée tant attendu par les plus jeunes.

Je passe de l'été australien à l'hiver européen, mais quelle chaleur dans l'accueil et les retrouvailles. Ici aussi les ciels sont impressionnants.



Veille de Noël, les achats vont bon train, pourquoi parle t-on anglais ici ?

Je retrouve aussi une pratique typiquement française : la manifestation. Aujourd'hui les enseignants manifestent contre un système d'évaluation et la réduction des moyens.


Saint Nizier dans le rétroviseur d'une moto. Le rouge et le noir, avec le vert.

Transit


One world ? Un monde ? Les aéroports sont un monde en soi, hors du monde.


D'un aéroport à l'autre, chacun avance, avec ou sans petite valise à roulette, cherche un coin pour se soulager ou s'allonger, va flâner dans les boutiques de luxe ou repérer sa porte d'embarquement. Toilettes à Hong Kong, chacune a son tableau décoratif.



Aéroport, zone de transit. Sommes loin du monde. Les images publicitaires y jettent un pont : sélection haut de gamme entre les icebergs et les meli-mélo des brochures touristiques. Le regard s'attarde en proportion du temps d'attente.


Côté combattants, Paris rivalise avec un certain... Aldo, souvenir, souvenir !


Ateliers pour enfants, Singapour les accueille activement.

Partir loin, se plier aux règles du voyage aérien et à ses contraintes.

Furieuse envie de marcher dans Paris avant d'embarquer pour l'Australie. Croquer un sens interdit plein d'humour. Plaisir d'avancer nez au vent, passage par l'Opéra, les jardins du Palais Royal et virée au Louvre pour une exposition consacrée aux Empereurs de Chine. Vêtements magnifiques, pas de photos mais un clin d'oeil avec ces bottes et chaussures d'homme brodées exposées à Hong Kong.





Images publicitaires faciles à détourner... les questions de la vie.


Passage par le 5 rue des Italiens, ancien siège du journal Le Monde. J'y ai travaillé, au cinquième étage, juste sous la grosse horloge. Souvenir, souvenir.


Recevoir du courier

Que fait-il, à votre avis ? Est-ce qu'il compte les plots sur la plage ?

11 mai 2011, je suis revenue dans le voyage avec Jacques. Pgaz nous attendait à Phnom Penh chez Finn, le sympathique patron d'Envotech. Phase de transition entre l'Asie du sud-est et bientôt l'Indonésie. Nous roulons 4 jours non stop à travers le Cambodge puis la Thaïlande vers Penang en Malaisie, 1800 km. Pourquoi ce rythme ? L'envie de retrouver Sylviane à Penang avant la date anniversaire de Jacques. 70 ans, comment fêter cela sur la route ? Pour la première fois, en 6 ans de voyage, nous allons recevoir du courrier : Sylviane a volontiers accepté de prêter son adresse. Je trouve, chez elle, un gros carton rempli de courier. Quel plus beau cadeau d'anniversaire ? L'an passé nous étions au Népal, au sommet du Tsarkori (5000 m).

Jacques est tout ému d'ouvrir ces messages venus du Canada, de France ou de Suisse. Une matinée entière pour découvrir et goûter ces courriers. Nous les avons tous affichés. Cela remplit le coeur. Il boira une petite bière à votre santé peu de temps après sur le bord de la mer, sans compter les plots sur la plage !






Ils y sont tous, un festival de créativité, d'humour et de tendresse.

Sylviane nous rejoint entre deux activités du "Centre 2Ways" s'occupant d'enfants autistes. Elle prépare un camp de 3 jours pour quarante d'entre eux. Chapeau !


Surprise, je reçois également des messages pour mon 65è. Merci du fond du coeur pour ceux qui me sont parvenus et pour les deux livres qui se sont perdus entre Ottawa et Penang. Sylviane nous a dit que la poste parfois censurait. Franchement !?! Un peu comme ces deux éléphants : ils sont annoncés mais ne se montrent pas !

Clin d'oeil à la si fidèle famille Mercou Pouget qui voulait tellement nous envoyer, ne serait-ce qu'une fois un COURIER ! L'idée a germé, pris corps en janvier dernier et nous avons reçu un "home made message" entièrement composé à la main sur fond rouge. Le lendemain nous croisions une "MERCU beach resort", grand rire !

Paris, Bordeaux, Lyon, Genève

Terre Mère, une plongée printanière en avril entre Paris, Bordeaux, Lyon et Genève.












Marcher dans Paris, Genève, Bordeaux ou Lyon, le nez au vent. Plaisir intense de découvrir ou retrouver des lieux familiers, de laisser le regard jouer avec des monuments si connus, de flâner sur les ponts ou au bord du lac, de passer une après midi à Paris en compagnie d'amies canadiennes de passage juste avant de retrouver Jacques de retour de Montréal. D'aller au petit matin voir les montgolfières s'élever du parc Bertrand, entendez-vous leur souffle rythmé si puissant ? Genève, les réformateurs sont toujours au jardin des Bastions, avec les joueurs d'échecs.


Effervescence au parc Bertrand : les montgolfières s'envolent.




Entre les immeubles modernes, d'anciennes villas du début du siècle.

Sur l'une d'entre elles, j'observe les belles grappes de fleurs. Un petit garçon s'approche : "qu'est ce que tu regardes ?" Je m'accroupis et cherche le bon angle de vision à sa hauteur : "regarde, vois-tu ces fleurs en grappes ? Ici elles sont blanches, mais je suis sûre que si tu regardes aussi sur d'autres maisons, tu en verras des mauves. J'aime les glycines. Il faut beaucoup d'années pour qu'elles grimpent si haut. Regarde comme leur tronc est tordu."



Revoir la mer, nous ne sommes pas si loin de Marennes. Déguster des huîtres, comme un dessert. Fouler le sable de la plus haute dune de France au Pilat en compagnie d'Eric et Chloé nouvellement installés à Bordeaux.




Un centre ville riche d'histoire, des ruelles aux façades rénovées. Quelle porte présente le "mascaron" le plus original ? Quel balcon est soutenu par une courbe plus élégante ? Qui veut se perdre dans les brouillards du miroir d'eau, de jour comme de nuit ? Est ce que le sorbet aux coings ou aux figues tient ses promesses ? Et voici un tramway sans fil qui monte au nord vers des entrepôts rénovés en appartements, une sorte de village d'une centaine de logements neufs.

















Vente de vin, mais aussi d'huile d'olives. Libre expression.


Lyon, le Rhône baigne dans l'azur, il fait chaud sur les quais.




Petite marche amicale en Savoie et le plaisir de revoir des gentianes au bleu si royal, des raisins d'ours, des crocus, faut-il accentuer le "usse" ou pas ? Débat entre le langage du nord et du sud, pas d'unanimité, il faudra interroger l'Académie !








Un printemps estival

Avril 2011, un temps d'été en France et en Suisse avec une météo étonnante, néfaste pour l'agriculture mais tellement agréable au quotidien. Je reviens aux sources pour quelques semaines. Ce voyage est différent. Je me concentre sur le tout premier cercle des proches, même si je me sens également bien proche de plusieurs autres personnes qui me tiennent à coeur fortement. Qu'elles veuillent bien me conserver leur bienveillance si je ne les pas appelées ou rencontrées. Ma disponibilité est entièrement orientée vers la famille : revoir les enfants et un petit enfant, attendre une naissance, être présente à ma soeur dans un moment santé à forts enjeux, retrouver mon frère et les siens. Moments d'intimité privilégiés, se mettre au diapason, goûter ce qui survient, saisir les opportunités chaleureuses qui permettent de vivre la vie de tous les jours dans un grand jardin ou autour d'une table d'anniversaire. Ne pas se disperser. Tant pis s'il y a de l'incompréhension. Garder intact le fil des jours passés en Terre-Mère. Cela m'aura permis de mieux gérer l'intensité émotionnelle de ces retrouvailles. Quelques séquences.




Plaisir de jouer dans les oliviers avec un petit bonhomme à la recherche de son indien miniature. Nous avions perdu le bébé éléphant et l'avons retrouvé in extremis dans les graviers à une heure du départ. Jouer encore ensemble au bord du Rhône ou au square Bahadourian. Energie inlassable de l'enfant de deux ans et demi qui sait où poser le pied pour grimper sur le petit mur d'escalade, qui préfère le toboggan de gauche et veut voir son père dans celui de droite, qui connaît la serrure du portail et fonce en trottinette, sans trop regarder devant lui. "Oui-oui-oui" ou "non-non-non", nous adopterons sa façon d'émettre un avis appuyé lorsqu'il le faut. Merci Casimir.



Abandon total du tout petit enfant, juste né, lové sur soi dans une sieste commune. Moments uniques de rencontre peau à peau. D'où viens tu ? Bienvenue ici ! Je suis l'une de tes grands mères. En matière d'affection familiale, pas d'exclusion ! Le coeur est si grand, autant pour donner que pour recevoir. Je t'ai fabriqué un petit doudou avec les moyens du bord, dans Pgaz. J'espère qu'il t'apportera bien des moments de douceur et de tendresse à toi, Sidonie.



Ce fût aussi la vie toute simple : rendre une petite visite quotidienne à ma soeur hospitalisée. Puis, à son retour, faire les courses, préparer un repas qui convienne à un estomac bien chahuté par les traitements suivis, ranger ce qui attendait, chercher le journal, la représenter à une assemblée de co propriétaires, donner de ses nouvelles, effectuer les derniers achats nécessaires à son installation, acheter des fleurs, etc. Suivre au jour le jour les petites victoires. Se rendre compte du chemin parcouru. Difficile de se faire une idée de ce que peut représenter un traitement médical terrassant lorsqu'on est bien portant.

L'important, être là, être ensemble. "Wontanara", dit-on en Guinée, nous sommes ensemble. Notre fratrie est maintenant réduite à trois. Le grand frère est parti trop tôt, la veille de ses 63 ans, d'une leucémie. Autre pays, au même moment, Jacques retrouve les siens au Canada et découvre avec joie Anna-Belle, 4 mois !