Vénezuela, les déceptions

A une semaine du départ, nous sommes inquiets de l'attitude d'Expotran filiale de SDV avec qui nous sommes en contact internet depuis 3 mois : pas d'informations précises (le port d'embarquement change plusieurs fois), ni fiables (le prix double puis triple depuis que nous sommes sur place), notre interlocutrice ne répond plus à nos appels... Il est évident que Pagz ne partira pas le 7 août comme escompté. Nous décidons de rejoindre Cartagena et de trouver un bateau pour le Panama, comme nous l'avions vécu (dans l'autre sens) voici un an. Changement de programme, les aléas du voyage ! Nous retrouvons la folle circulation de Caracas pour récupérer nos 2000 USD et annuler nos deux billets, juste 15 jours avant le départ du 16 août. Adieu les retrouvailles de mi août à Montréal ! Nous allons faire le trajet Panama Montréal par la route, 12.000 km ? 14.000 km ? Nous verrons ! Partagés entre la frustration et la consternation d'un tel manque de professionnalisme, d'une attitude si peu correcte, nous roulons non stop vers la frontière nord. Une pause café à puenta Sabanita et nous voici arrêtés par la Police de la Route : contrôle de routine des papiers comme nous l'avons déjà connu à deux reprises par la Police Militaire ? Non, le sketch du racket se met en place ! Le premier flic est le "pointeur", il argumente que notre parebrise présente un danger (une fissure-réparée- en haut sous le pare soleil), que le dépanneur va nous conduire à Maracaibo et que lundi nous devrons le faire changer, payer une amende etc... Discussion pour revenir à du bon sens, de la bonne volonté, de l'humour, de la compréhension, je propose au flic de s'asseoir à la place du conducteur, ce qu'il fait (!). Il nous affirme qu'il y a un grand éblouissement dans les yeux ... le second flic arrive, c'est "l'écraseur". Il cherche à mettre de la pression, un épais face de boeuf que vous ne souhaiteriez pas croiser dans un couloir. Jacques est en short, le flic lui dit qu'il ne peut pas entrer dans son bureau ainsi. Jacques va mettre un pantalon et revient se planter devant le bureau. Rien d'autre à faire que d'attendre et de rechercher d'autres véhicules à parebrises "dangereux". Je me plante sur le bord de la chaussée. Pas besoin de temps pour signaler trois autres véhicules ! Je prend aussi le temps de me renseigner auprès d'autres véhicules arrêtés : comment cela se passe, quel est le montant d'un racket, un petit, un gros. Les gens semblent habitués à ces taxations sauvages. Le temps passe, le gros face de boeuf me dit que mon attitude est inacceptable. Le temps passe, nous sommes toujours coincés sur le bord de la route. Le troisième acteur arrive, ce sera "le ramasseur" : un gradé dans sa voiture de fonction. Son rôle ? ramasser les sous. Lunettes noires, grosse bedaine, attitude de mépris il nous demande le double d'un "gros" racket et nous dit de le suivre sur la route (pas de sous dans son bureau !). Nous le suivons et préparons des sous. Arrêt sur le bas côté, il ouvre sa fenêtre, empoche les sous, rend le certificat de route et repart. Nous avons soustrait 20% de la somme demandée. Quand même ! Le sketch aura pris 1h30 et j'ai pris des photos. Traversée facile de la grande ville de Maracaibo, puis la route se rétrécit, traverse une lande sèche, pelée avec des villages misérables. Ici encore les détritus sont jetés n'importe où. 10 km avant la frontière, contrôle de la Police de la Route. Le flic cherche le contact, serre la main, bonjour, etc... il s'accote sur la porte et demande ouvertement de l'argent , 5 minutes d'argumentaire et hop nous repartons en le plantant au milieu du chemin. La frontière est là. Pour les passeports c'est ouvert jusqu'à 18h et on vous demande la taxe d'aéroport mais pour le véhicule c'est 16h. Nous dormirons entre les deux bureaux frontaliers. Durant la nuit une dizaine de semi remorques ont passé tranquillement. Hâte de quitter ce pays. Plaisir de retrouver le sourire et l'accueil des Colombiens. Revenir à Cartagene c'est boucler notre périple en Amérique du sud juste 13 mois plus tard. Les choses sont plus simple lorsqu'on revient sur place : on retrouve sans peine l'hôtel Bella Vista et son parking, le Club Nautique où nous avons rendez vous demain pour Pgaz.