Mise en condition...

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Ames sensibles, coeurs tendres, honnêtes voyageurs, veuillez attacher vos ceintures et mettre vos émotions sous plastique étanche. Le choc commence à Kodali sur le pont de l'Amitié (le Friendship bridge) entre le Népal et la Chine. Un parasol, une ligne rouge au milieu du pont, des soldats casqués qui vous dévisagent comme des suspects, vous font mettre en ligne pour attendre que le chef ait fini son lunch. Au bout du pont, d'autres soldats au garde à vous. A droite le bâtiment où il faut encore se mettre en ligne en attendant l'ouverture des portes. Ici on ne rigole pas. Premier contrôle des sacs au scanner et fouille manuelle complète du sac à dos, que cherchent ils ? de la littérature subversive ! Le Lonely Planet du Tibet, avec la page d'introduction signée du Dalai Lama est confisqué immédiatement. Les chinois doivent les revendre sur eBay. Les douaniers suivants scrutent à nouveau notre permis d'entrée mais pas de tampon dans le passeport . Bizarre, on a payé 58 USD de visa sans aucune trace officielle. Second passage au scanner et nouvelle fouille des sacs... comment aurait-on pu avoir mis autre chose que de l'air ambiant dans nos bagages ? Ne pas chercher à comprendre. Le pont de l'Amitié, première photo interdite...tibet2
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Police omniprésente, contrôles militaires, vérifications répétées des permis, liste des choses interdites plus longue que celle des choses autorisées... Nous sommes quatre passagers dans un Toyota Land Cruiser avec chauffeur et guide obligatoires qui rappellent chaque jour qu'il ne faut pas faire ceci ou cela sous peine d'amende, de prison et... d'ennuis pour le guide, le chauffeur et leur agence. Mais où sont les Tibétains ? Comment vivent-ils ou survivent-ils sous cette chape de plomb ?
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Je savais que cette incursion au Tibet serait particulière et que nous serions confrontés à des contraintes haïssables entre toutes, comme dans d'autres pays hélas aussi. Je comptais sur le savoir faire et la bonne volonté du guide, puisque nous en avions une, femme en l'occurrence, pour servir de faciliteur et espérer sa compréhension voire sa complicité. Nenni. Le second jour elle s'aperçoit que notre groupe de 4 personnes est là pour un circuit de 10 jours et non pas 8. Eclat de fureur de sa part... "je dois appeler l'agence", grosse discussion entre la guide et le chauffeur... je lâche un "ce n'est pas notre problème" et la guide ne m'adressera plus la parole pour le reste du voyage, malgré des excuses apportées rapidement de ma part et réitérées par Jacques ! Nous sommes tombés sur une jeune femme hystérique. Nous abordons donc le Tibet sans nos outils habituels (cartes, livres, documents) et sans réel appui humain... juste la carte postale du fameux Lama joyeux. Il est encore en vie, nous nous en réjouissons !
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Quelques repères : mars 1959 invasion du Tibet par l'armée chinoise, un million de tibétains trouveront la mort, destruction massive des monastères et colonisation forcée, actuellement il y a un Tibétain pour huit Hans (chinois). Année 1989 : janvier, le Panchem Lama en résidence à Pékin est autorisé à revenir à Tashilompu, son monastère d'origine, il y décédera peu après. Mars, soulèvements tibétains à Lhassa. Mai, massacres de la place Tienanmen à Pékin. 1989, année où le Dalaï Lama reçoit le Prix Nobel de la Paix.